Les chefs de police du Canada font preuve d’hypocrisie et doivent reconnaître le racisme systémique lorsqu’il s’agit de la vie des Autochtones

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PHOTO : Radio-Canada

L’Assemblée des Premières Nations de la Colombie-Britannique (BCAFN) et l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL) accueillent favorablement les accusations qui ont finalement été portées contre les agents de la GRC impliqués dans la mort de Dale Culver en 2017. Malgré la lenteur déplorable du processus d’enquête qui a duré près de six ans, il s’agit d’un premier pas important vers la justice pour M. Culver et sa famille.

Cependant, les déclarations faites la semaine passée par de nombreux chefs de police canadiens au sujet de l’affaire Tyre Nichols dénotent de l’hypocrisie, des préjugés inconscients et l’application de doubles standards troublants par de nombreux services de police lorsqu’il s’agit de la vie des populations autochtones au Canada. Le racisme systémique demeure omniprésent dans de nombreux services de police et il faut reconnaître officiellement son existence et s’engager plus fermement en faveur d’un changement institutionnel.

« La semaine dernière, les chefs de police des services de tout le Canada se sont prononcés contre le meurtre sauvage de Tyre Nichols par la police de Memphis, au Tennessee, mais ils restent silencieux lorsqu’il s’agit du meurtre d’Autochtones par leurs propres forces ici au Canada », a déclaré Terry Teegee, chef régional de BCAFN et coresponsable du portefeuille de la justice de l’Assemblée des Premières Nations (APN). « Où était la condamnation lorsque Dale Culver a été tué, ou Julian Jones, ou Chantel Moore ? » a-t-il poursuivi.

Les chefs des forces de police de Toronto, d’Ottawa, de Windsor, d’Edmonton et de Regina, ainsi que les associations des chefs de police de l’Alberta et de l’Ontario ont fait des déclarations publiques condamnant le meurtre de Tyre Nichols. Mais il n’y a pas eu de telles déclarations lorsque Dale Culver a été tué en 2017.

Les Autochtones ont dix fois plus de risques que le Canadien moyen d’être tués par la police, une statistique qui montre la nécessité de modifier la structure du maintien de l’ordre dans ce pays. BCAFN demande la tenue d’un sommet des ministres de la sécurité publique de toutes les provinces et du gouvernement fédéral afin de s’attaquer aux taux horribles de violence contre les peuples autochtones.

« Il est temps que les ministres provinciaux de la sécurité publique de tout le pays, ainsi que le Premier ministre Justin Trudeau et le ministre de la Sécurité publique Marco Mendicino, se réunissent pour s’attaquer à cette violence coloniale perpétuelle. Il est temps d’agir, il n’est pas acceptable qu’aujourd’hui encore, des vies autochtones soient prises, notamment par des services censés les protéger », a déclaré Ghislain Picard, Chef de l’APNQL et co-responsable du portefeuille de la justice de l’APN. « La police des Premières Nations doit devenir un service essentiel, et tous les policiers de ce pays doivent recevoir une formation rigoureuse en matière de désescalade et de sécurisation culturelle », a-t-il poursuivi.